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Edging, ou l’art de profiter de l’excitation sexuelle

Dans la liste des mots-clés sexuels les plus recherchés durant l’année, Google fait apparaître le mot gooning, alors que de nombreux internautes se demandent ce qu’est cette pratique liée à la masturbation. C’est l’occasion de faire le point sur l’edging – et d’en venir au gooning.

L’edging est une pratique sexuelle qui attire de plus en plus d’attention, notamment grâce à son utilisation dans le cadre du développement personnel, de la connaissance de soi et même de certaines thérapies sexuelles. Loin d’être une simple tendance, il s’agit d’un outil puissant pour explorer son corps, mieux gérer sa réponse sexuelle et, si nécessaire, travailler sur des problématiques comme l’éjaculation prématurée. Dans cet article, nous allons explorer ce qu’est l’edging, ses bienfaits, les techniques générales associées, ainsi que les risques potentiels comme le glissement vers le gooning.
Il est à noter que l’edging est également pratiqué depuis longtemps en tant que pratique BDSM dans le cadre de la domination/soumission, comme un ordre donné à un.e soumis.e afin de le ou la maintenir dans un état d’excitation sexuelle élevé et/ou de prendre le contrôle sur ses orgasmes.

Qu’est-ce que l’edging ?

L’edging consiste à se masturber pour approcher volontairement le point d’orgasme, puis à stopper ou réduire la stimulation afin d’éviter l’éjaculation ou la montée irréversible vers le climax. Cette pratique peut être réalisée en solo ou en couple.
Elle vise avant tout à contrôler le niveau d’excitation sexuelle et à étirer la phase de plateau.
Avec l’accoutumance à l’excitation sexuelle qui augmente au cours de la session, il est possible d’atteindre des niveaux d’excitation de plus en plus élevés.

L’objectif n’est pas forcément de retarder l’orgasme pour le rendre plus intense (même si beaucoup de personnes rapportent cet effet), mais plutôt d’apprendre à mieux identifier les sensations corporelles qui précédent le point de non-retour, appelé “PNR”, de sortir de la tyranie de l’orgasme et des scripts sexuels imposés (préliminaires / pénétration / orgasme).

En pratiquant ll’edging on choisit de centrer la sexualité sur le plaisir, et non simplement sur la décharge orgasmique. Avec le temps, l’edging permet une meilleure maîtrise de ses réactions physiologiques durant l’activité sexuelle.

Les bienfaits de la pratique

1. Une meilleure connaissance de son corps et de sa sexualité

L’un des principaux avantages de l’edging est qu’il permet d’affiner sa perception corporelle. Être attentif à l’évolution de son excitation, à ses signaux internes, à ses tensions musculaires ou à sa respiration favorise une connexion plus profonde à son corps. Cette conscience corporelle accrue aide ensuite dans la sexualité en couple, en améliorant la communication, l’écoute de soi et de l’autre.
Elle permet aussi de dépasser la vision catastrophique de la frustration, et même d’apprendre à apprécier le fait de rester longtemps à un niveau d’excitation et de plaisir élevé.

2. Sortir de la vision “performance” de la sexualité

L’edging encourage à dissocier l’acte sexuel d’un objectif obligatoire d’orgasme. En réduisant la pression de la “performance”, il permet d’apprécier davantage le processus, d’explorer les sensations, et d’adopter une vision plus holistique et relaxée du plaisir.

3. Un outil utilisé en thérapie contre l’éjaculation prématurée

Dans le domaine sexologique (notamment en sexofonctionnel), l’edging est souvent intégré dans les protocoles thérapeutiques contre l’éjaculation prématurée. En apprenant à identifier la montée de l’excitation et en s’exerçant à la moduler, la personne développe une meilleure tolérance à l’excitation et une plus grande capacité à retarder le PNR. Combiné à des exercices de respiration, de plancher pelvien ou à un travail sur l’anxiété de performance, l’edging s’avére particulièrement efficace.

Techniques pour faire monter et baisser l’excitation

Pour pratiquer l’edging, il est intéressant de connaître quelques aspects techniques.

1. Observer et écouter les signaux corporels

Le cœur de l’edging repose sur la prise de conscience des sensations. L’idée est d’identifier l’échelle d’excitation. Si 0 est l’absence d’excitation et 10 l’orgasme, alors au-delà de 9, il peut devenir difficile de s’arrêter, car on atteint vite le point de non-retour.
Dans un premier temps, pour edger il est conseillé d’éviter de dépasser le niveau 8-9.

2. Moduler la stimulation

Sans entrer dans les détails explicites, les façons de moduler l’excitation incluent :

  • faire une pause lorsque la stimulation devient trop intense,
  • ralentir le rythme de l’activité,
  • changer de type de stimulation (par exemple stimuler d’autres zones érogène que le pénis ou le clitoris, ou encore bouger le corps plutôt que la main) afin d’abaisser le niveau d’excitation,
  • ou encore utiliser la respiration profonde pour redescendre le niveau d’excitation.

3. Gérer la respiration et la tension musculaire

Une respiration saccadée (voire une apnée), une forte contraction musculaire (des jambes par exemple) ou simplement une contraction du périnée peuvent accélérer l’excitation.

À l’inverse, respirer lentement et relâcher les muscles du bassin et le périnée permet de redescendre en excitation même si l’on continue la stimulation, et de garder le contrôle.

Les risques potentiels : de l’edging au goonin

Comme toute pratique sexuelle, l’edging comporte des limites et des précautions.
L’un des risques évoqués par certains spécialistes est le passage au gooning. Ce terme décrit un état dans lequel la personne, trop focalisée sur la stimulation prolongée, entre dans une forme de transe, parfois avec une perte de repères, un détachement de l’environnement ou une diminution du contrôle sur la session d’excitation.

Le gooning n’est pas dangereux en soi, mais il peut devenir problématique s’il :

  • entraîne une pratique compulsive,
  • détourne la sexualité vers une logique d’addiction,
  • s’accompagne d’une consommation excessive de pornographie
  • s’accompagne à chaque fois de consommations de substances (MDMA, poppers, …)
  • ou crée une dépendance psychologique à des sessions d’excitation très longues.

Il est donc conseillé de pratiquer l’edging avec plaisir mais aussi modération, de rester à l’écoute de soi et de veiller à ce que la pratique reste un choix conscient et non une habitude incontrôlée.

En résumé…

En résumé, l’edging est une pratique utile pour approfondir la connaissance de son corps, améliorer la gestion de l’excitation et travailler sur l’éjaculation prématurée. Comme toute pratiquer, sexuelle ou non, il doit être pratiqué de façon équilibrée, informée et respectueuse de ses limites physiques et émotionnelles. La transe sexuelle induite par des sessions d’edging très longues où l’on “débranche” le cerveau, aussi appelées gooning, ne présente des risques que si elle devient une addiction.

Plus d’informations

Voici quelques références — articles en français et études scientifiques (ou revues cliniques) sur le thème de l’edging, ou de pratiques proches (contrôle de l’orgasme, éjaculation retardée, masturbation consciente, etc.). Cela peut t’aider afin d’approfondir la compréhension du sujet — ou te donner une base de lecture pour un travail plus sérieux.


📚 Références et articles en français / accessibles

« Qu’est-ce que le edging ? » (Espace Plaisir)

Orgasme : essayez l’edging, la pratique qui décuple le plaisir – Coup de Pouce

Edging : définition, avantages et risques – Charles.co

Déni d’orgasme / edging : comment prendre plus de plaisir au lit en se retenant (qui aborde le lien potentiel avec des dynamiques BDSM ou des jeux de pouvoir, mais de façon consentie)

Quelques références Edging vs Gooning

Qu’est-ce que le gooning, cette pratique masturbatoire dont la popularité a augmenté de 778% en 2023 ?

Qu’est-ce que le gooning, cette technique de masturbation de plus en plus populaire chez les femmes ?

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