Récemment, quelques études ont sorti des chiffres intéressants sur l’âge du premier rapport sexuel, notamment parce qu’elles battent brèche des idées reçues sur l’hypersexualisation des jeunes.
Petite mise en garde de sexologue : le mot virginité, utilisé dans ce post par souci de concision, doit toujours être remis en perspective et problématisé – en témoigne par exemple l’excellent documentaire Like a virgin de Feriel Ben Mahmoud, ou encore les travaux d’Yvonne Knibiehler.
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L’âge du premier rapport sexuel en recul par rapport aux générations précédentes
Si l’on a pu croire un moment que les jeunes générations, accros au porno et vivant dans une société « sexuellement libérée », auraient une sexualité hyperactive, la réalité semble montrer plutôt le contraire.
La surabondance d’images sexuelles issues de la pornographie, les normes de performances qui vont avec, tout cela semble plutôt créer chez les jeunes femmes et jeunes hommes une peur de l’intimité, plutôt qu’une envie de se jeter dans la sexualité.
L’étude menée par le University College de Londres auprès de 16.000 millenials nés en 1989-1990 montre ainsi qu’à l’âge de 26 ans, un jeune sur huit n’a jamais eu de relations sexuelles. Pour les autres, l’âge du premier rapport est plus tardif que leurs parents.
Une enquête du CDC américain arrive aux mêmes conclusions.
Difficile de trouver des chiffres français pour corroborer ou informer ces études dans la population française. Quoiqu’il en soit, les chiffres que je trouve ne montrent plus d’abaissement de l’âge du premier rapport, qui s’est stabilisé entre 17 et 18 ans (17,2 pour les garçons, 17,6 pour les filles).
Trois scénarios pour un premier rapport
Même si la virginité est remise en cause et déconstruite depuis quelques années dans des cercles féministes ou progressistes, cette idée n’en reste pas moins très présente dans la culture commune adolescente (et adulte).
(et le fait que l’Éducation Nationale ne respecte absolument pas les temps d’éducation sexuelle et affective prévus dans les programmes n’aide en rien)
Une enquête de la sociologue Laura Carpenter, autrice de Virginity lost, a permis de repérer trois scripts différents liés à l’idée de perdre sa virginité :
La virginité comme cadeau
Les personnes qui suivent ce script voient leur virginité comme un cadeau à offrir à quelqu’un de significatif pour eux, à « la bonne personne ».
La virginité comme processus
Les personnes qui souscrivent à ce script perçoivent la première relation sexuelle comme une étape normale de leur développement, une sorte de rite de passage vers l’âge adulte.
La virginité comme stigmate
Enfin, les personnes qui adhèrent à cette vision envisagent la virginité comme un stigmate qui les met potentiellement à l’écart de leur communauté. Elles souhaitent alors se débarrasser de cette étiquette et affirment vouloir saisir la première occasion pour y remédier.
Le double standard de la virginité
L’étude a également passé en revue la représentation de la virginité dans les séries et films populaires, constatant encore et toujours un double standard – le script du cadeau étant très présent pour les jeunes femmes, et le script du stigmate pour les jeunes hommes…
Source : La vingtaine et toujours vierges [actualités UQAM]