Thérapies

Pourquoi se dispute-t-on avec ceux qu’on aime ?

Arte a interrogé le philosophe et normalien français Maxime Rovère sur cette question qui nous touche tous : nous nous aimons, mais pourtant, nous nous disputons. Ou peut-être et donc, nous nous disputons.
La question est centrale, importante dans nos vies !

Interview à voir ici :
https://www.arte.tv/fr/videos/117234-005-A/pourquoi-se-dispute-t-on-avec-ceux-qu-on-aime/

Une interview décevante

Et pourtant… je suis tellement déçu du discours de Maxime Rovère.
En s’appuyant sur Spinoza (philosophe du XVIIè siècle) et sur les écrits d’Erving Goffman datant de 1956, Maxime Rovère réinvente une pensée philosophique de la psyché certes très érudite, mais qui ignore toute la recherche en psychologie et en neurosciences depuis la seconde moitié du XXè siècle !
Il découvre que chaque individu n’a pas la main sur ces décisions mais que nous sommes pris dans un réseau complexe. Peut-être pourrait-il citer la théorie des systèmes, et la compréhension apportée par la thérapie systémique ? Il la connaît forcément, car il cite Goffman, dont l’école de Palo Alto est au point de départ de ces théories.

Rationnalité vs émotions : un dualisme dépassé

Il explique que nos émotions viennent perturber nos prises de décisions. Or on sait désormais qu’au contraire, elles le nourissent ! Damasio a montré que les personnes cérébrolésées qui n’ont plus d’émotion rencontre de grandes difficultés à faire des choix. Il n’y a pas d’un côté la décision rationnelle, de l’autre l’émotion irrationnelle, c’est une vision dépassée.
Enfin, et c’est peut-être ce qui me surprend le plus, comment peut-on traiter une question comme celle des relations et des conflits avec les personnes que l’on aime sans citer une seule fois les innombrables recherches scientifiques sur l’attachement ?

La recherche sur l’attachement, une nouvelle science de l’amour

Il est vraiment étonnant, en 2024, d’ignorer que nous avons des réponses à tout cela.
Et notamment, des explications des mécanismes et des motivations inconscientes à l’œuvre dans les disputes avec ceux que l’on aime.
La science de l’attachement, avec des centaines de publication depuis la théorie de John Bowlby, nous donne de nombreuses réponses sur ces sujets, mais aussi nous apprend les conditions nécessaires au changement.
Les thérapies de couple basées sur l’attachement sont un exemple flagrant de mise en œuvre de cette science de l’attachement et de l’amour. Comprendre les mécanismes, bien sûr. Mais aussi, savoir que cela ne suffit pas à changer ! Il arrive bien souvent que l’on comprenne ce qui se passe… mais que l’on se retrouve à reproduire encore et encore le même comportement.

Expérimenter pour changer : les expériences correctives selon la théorie de l’attachement

Là encore, la théorie de l’attachement a permis de réfléchir aux expériences correctives nécessaires pour changer de comportement et d’émotions, et retrouver un dialogue plus adapté. Et au-delà de la compréhension rationnelle, c’est bien d’émotion qu’il s’agit.
En thérapie centrée sur l’émotion, nous aidons les couples à chorégraphier ces expériences correctrices. À expérimenter un nouveau comportement dans un environnement apaisé, afin que le système nerveux puisse opérer une mise à jour, envisager des possibilités nouvelles.

Bref, je crois que je suis assez réfractaire à l’approche philosophique sur des questions aussi cruciales et concrètes que celles-ci. Je n’y trouve pas de réponses concrètes.

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