La psychothérapie (TCC et EMDR en tête) est à ce jour la première option envisagée par les autorités de santé pour le traitement du trauma.
De nombreuses autres approches s’offrent aux personnes qui souffrent de traumatismes, comme l’EFT (Emotional Freedom Techniques), les approches psycho-corporelle, ou beaucoup d’entre encore, mais aucune étude aux standards internationaux ne montre leur efficacité, et elles ne font pas l’objet de recommandations.
Le seul médicament ayant une autorisation de mise sur le marché pour le trouble de stress post-traumatique est la paroxetine. En cas d’échec, les prescripteurs se rabattent sur les ISRS, notamment la sertraline. Cependant, les résultats décevants et le taux d’abandon élevé ont conduit les autorités sanitaires à ne conseiller ces traitements médicamenteux qu’en deuxième intention.
Mais depuis le début des années 2000, et après 40 ans d’interdiction, les études sur l’usage des drogues psychédéliques se sont multipliées, reprenant la suite des travaux des années 60 et 70.
Un niveau de preuve élevé pour les thérapies psychédéliques
En 2018, le consortium américain d’étude des thérapies psychédéliques MAPS publie une première méta-analyse dans la prestigieuse revue The Lancet (Mithoefer et al., 2018).
Il ne s’agit pas d’étudier les effets en eux-même mais bien des protocoles de soin – avec par exemple un couple de thérapeutes formés présents pendant 8 ou 10 heures avec la personne, tout au long de son voyage psychédélique, et cela sur 3 séances.
Les résultats sont incroyables.
La MDMA associée à une psychothérapie, réduit davantage les scores au CAPS (Clinical Administered PTSD Scale, questionnaire US standard pour les études sur le trauma) que la psychothérapie seule. Elle présente une réduction importante des symptômes du TSPT, au point de passer sous les scores qui le définissent, et un taux élevé de rémission.
D’autres études et méta-études suivent, avec l’utilisation de la MDMA mais aussi de la DMT et de l’ibogaïne.
De nombreux auteurs considèrent que ces études sur les psychédéliques constituent une des avancées les plus notables dans la thérapie du trauma (Josse, 2023). La FDA qualifie même de « thérapie révolutionnaire » le protocole proposé par la MAPS.
Les niveaux de preuve apportés sont solides, et la FDA est actuellement en train d’examiner la sécurité et l’efficacité du traitement.
et en France ?
En France, l’usage des psychédéliques est totalement interdit.
Les recommandations de l’Académie de Médecine et de l’H.A.S. Haute Autorité de Santé se mêlent à la position politique du gouvernement pour interdire tout usage de drogues psychoactives y compris dans un cadre médical, et favorisent radicalement l’usage des neuroleptiques et benzodiazépames.
Quelques études voient tout de même le jour : l’hôpital Saint-Anne teste un protocole à base de psylocybine. L’Institut du Cerveau contribue à une grande étude sur les possibles bénéfices du LSD contre la dépendance alcoolique, et le projet européen PsyAlc une étude sur la psylocybine, là encore pour des patients alcooliques.
En attendant, au vu du discours tenu par les autorités sur les « drogues illégales », en France les thérapies psychédéliques ne sont pas envisageables, malgré tout le potentiel qu’elles semblent offrir.
Quelques articles pour en savoir plus
Les psychédéliques, nouvelles perspectives pour le traitement du traumatisme [article d’Evelyne Josse]
Ecstasy : une psychothérapie sous MDMA pour éliminer le trouble du stress post-traumatique [article Science et Nature]
Un article de l’INSERM sur les thérapies psychédéliques / et le dossier de presse associé
Un article d’Usbek & Rika sur les thérapies augmentées
Les psychédéliques peuvent-ils nous soigner ? un podcast du Monde
Une interview de Baptiste Fauvel
Psychothérapies assistées par psychédéliques : guérir de la dépression, du stress post-traumatique et des addictions.