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La part du père – Geneviève Delaisi de Parseval

Écouter les bouleversements psychologiques du père

La part du père, G. Delaisi de Parseval

Fiche de lecture

La part du père
Geneviève Delais de Parseval
Éditions du Seuil, Paris, 1981
312 pages

Geneviève Delaisi de Parseval propose dans ce livre une étude des effets de la paternité – et notamment du premier enfant – sur la psyché des pères.

Le premier chapitre aborde le refoulement de cette question.
En effet si la maternité et ses formes diverses a été beaucoup commentée et continue à l’être, le constat de G. Delaisi est que cette question reste un non-dit, un tabou, dans nos sociétés occidentales : “Alors que la sexualité a acquis droit de cité, au point d’obnubiler parfois les esprits, la procréation, son rôle et ses répercussions psychiques semblent être l’objet d’un refoulement général dès lors qu’il s’agit de l’homme.”

La paternité est en elle-même déjà, bien plus un fait social qu’un fait biologique. Dans certaines sociétés, le père n’a qu’un rôle social et économique et c’est l’oncle paternel qui s’occupe de l’éducation de l’enfant. Dans la nôtre, l’insémination artificielle avec donneur vient questionner cette définition, et la façon dont les pères à venir investissent leur paternité au-delà du lien du sang.

Dans de nombreuses sociétés, les différents rituels de couvade permettent à l’homme d’investir sa paternité. Il doit alors respecter certains interdits alimentaires, ou subir certaines violences symboliques ou réelles., ou encore rester alité le temps de l’accouchement voire des premières semaines du bébé. Suivant les commentateurs, certains y voient un partage symbolique des douleurs – le père jouerait alors le rôle de la mère – ou plutôt un lien avec le bébé, mais dans tous les cas, ce rituel permet aux pères d’investir leur rôle, de marquer leur changement de statut (les rites sont d’ailleurs beaucoup plus longs pour le premier enfant que pour les suivants, lorsque l’homme est déjà père).

Pour le père occidental non soumis à ces rituels, l’attente de l’enfant sera souvent une période troublée.
Alors que consciemment on attend qu’il exprime sa joie, son inconscient joue une musique différente. “Est-il normal d’être inquiet ? me demandait un père qui passait ses nuits à rêver d’enfants morts, de dents arrachées, de ballons dans lesquels, rageusement, il donnait des coups de pieds ?”.
Le père traverse en effet “des circonstances de remaniement libidinal intense, [à savoir]  le devenir-père” ces bouleversements étant plus marqués s’il s’agit du premier enfant. Pour se protéger de ces bouleversement, le nouveau père peut alors multiplier les prises de risques ou des passages à l’acte sexuel

De même, la question redistribution généalogique, l’homme passant de la condition de fils de son père à celle de père de son fils (ou de sa fille), est abordée longuement (là encore, tout ne va pas de soi, et des résistances, loyautés et déchirements peuvent apparaître).

Enfin, toute la dernière partie du livre est consacrée à la clinique, avec des retranscriptions d’entretiens de la psychanaliste avec des nouveaux pères, “primipères” ou “multipères”, et avec des hommes qui ne veulent pas ou plus être pères et s’apprêtent à subir une vasectomie.

Pour en savoir plus :
Un site entier consacré à Geneviève Delaisi de Parseval
Les publications de Geneviève Delaisi sur Cairn.info

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